Octobre 2016

8 septembre 2016

 "Multiculturalisme ou pure souche  ? Un faux débat qui peut éveiller les croyants"

Il est plus convenable que jamais que les chrétiens se réveillent. Le christianisme offre des fondements anthropologiques et de lignes d’action capables de répondre au climat de crise de notre société à condition qu’il sorte du leurre dans lequel les pensées tant de gauche que de droite ont tendance à nous enfoncer. Les médias nous présentent tout le temps un débat entre ceux qui veulent offrir une solution au pays par le multiculturalisme et ceux qui disent que la solution est dans l’assimilation des racines de la France. En réalité les uns et les autres sont des pions d’une pensée mondialiste qui s’impose chez les uns et les autres les mêmes objectifs et le même modèle d’homme. Les yeux avisés du croyant peuvent sortir de ce leurre et offrir des vraies lignes d’issue.

Pour les noyaux pensants de la gauche, le multiculturalisme est essentiel. Même si par la pression populaire, déjà fatiguée de tant d’hypocrisie, certains émetteurs de messages de gauche se disent conscients, des pièges du communautarisme. En réalité dans l’ADN de la «  pensée de gauche  » il y a le multiculturalisme, au moins, par la peur d’être traités d’intolérants, d’islamophobes ou de racistes. La «  pensée de la droite  » semble être aux antipodes. Etre de droite signifie, apparemment, être conscient des racines, et comme disait un de ses représentants les plus visibles, «  il faudrait que les ancêtres assumés des français (de tout bord) soient les gallois  ». Entre les uns et les autres il semble qu’il faut choisir le camp.

Le lien social se délite et les gens se polarisent, dans ce climat d’attentats et de communautarisme. Même la tenue dans la plage suscite le débat entre multiculturalisme et de la défense de l’identité nationale. A la lumière de la foi pourtant, on peut reconnaitre que les deux positions sont dérivées d’une pensée déficiente, plus commune de ce qu’on peut imaginer. Commune tant dans ses objectifs que dans les préalables de fond, même si les voies pour les atteindre sont différentes. Les uns et les autres prétendent porter la solution au pays, mais les uns et les autres risquent de l’effondrer encore plus, parce que souvent inconsciemment sont tous soumis à des structures de l’humain modelées ailleurs, mais présentes partout d’autant plus qu’elles semblent aller de soi.

Quels sont ses objectifs communs et qu’elle est cette pensée commune  ? L’idéologie commune est le mondialisme qui a été conçu pour que les peuples deviennent une pâte amorphe, sans liens sociaux, individualiste, jalouse de ses droits et incapable pour l’effort collectif. Ainsi les teneurs du mondialisme peuvent faire des peuples ce qu’ils veulent. A la base il s’agit de les «  traire  » jusqu’à l’épuisement, en les mettant au service de l’usure (poulpe financière). La vision anthropologique est commune. Il s’agit de fabriquer des individus malades de solipsisme , dont les caprices sexuels (de l’adultère au changement de sexe, en passant par l’infécondité en toutes ses formes) sont satisfaits avec sollicitude  ; parce que le mondialisme, afin de créer une humanité asservie, a besoin de gens lâches et obsédées par les culottes et complètement stériles pour le sacrifice. 

Il est évident que ceux qui sont prôneurs du multiculturalisme, ont un ennemi affiché qui est la prétention d’Absolu du christianisme. Le slogan qui passe partout, même chez beaucoup de soi-disant croyants est «  que les religions avec sa prétention d’absolu engendrent la violence  ». Confusion voulue et entretenue de mettre toutes les religions dans le même sac, pour conclure que seulement le pluralisme relativiste est la solution de notre société. Les raisons profondes pour vivre et pour mourir, la vertèbre de l’effort personnel et collectif n’a pas de place. Les prôneurs de la défense de l’identité ont, pire encore, évacué le concept de tradition du sens profond qu’il a, pour se centrer souvent dans un traditionalisme extérieur qui se ménage très bien avec le solipsisme malade que le mondialisme dicte. Ce qu’on appelle tradition est une caricature de la vraie tradition, celle qui a donné tous ces ancêtres qu’on admire peut-être, mais qui on manipule davantage. On les évoque en prétendant être les porteurs de leurs combats. Mais en réalité on les utilise comme des étendards évacués des valeurs humaines et de la relation à Dieu qui donnait forme à leurs combats. Certains membres «  éclairés  » de l’Eglise semblent s’associer à cette tendance mondialiste.

La vraie tradition vient du Christ, qui nous a dit de faire mémorial du don de sa vie, pour l’actualiser dans nos vies. La vraie tradition vient de l’Absolu de sa vie donnée par amour, qui libère nos cœurs pour le don totale de la vie. La vraie tradition réalise l’eucharistie comme Corps du Christ dans laquelle ma vie ne se conçoit pas sans être au service concret de la construction des autres comme des membres de mon propre Corps. Avoir dans l’esprit la possibilité de perdre la vie en route est justement ce qui fait une culture, non de fanatiques, mais de personnes capables de donner la vraie valeur au lien avec les autres. Ses fondements ne sont pas terrestres et solipsistes. La vraie tradition prend sa lumière de Jeanne d’Arc ou/et de Thomas More (tous deux récupérés par la droite et la gauche superficiellement). La vrai tradition se réalise aujourd’hui par des hommes et femmes (minorités créatives) qui en s’abreuvant de la source cachée du Christ Vivant, ont des valeurs personnels et relationnels qui ne sont pas «  à la mode  ».

Il ne s’agit pas des croyants crispés dans un repli identitaire mais des hommes et des femmes sereinement fiers du don de la vie qui leur est offerte dans ce moment de l’histoire, et capables de donner aux générations qui arrivent un vécu qui n’est pas menacé par les aléas de débats vides. Ceux aussi capables de voir les semences du Verbe qui se cachent dans certains hommes d’autres religions qui aussi, croient à un Absolu. Au moins ceux qui sont capables de non idolâtrer le propre moi, et qui peuvent s’ouvrir à la Vérité (il y en a). Non qu’ils la possèdent, mais ils sont possédés par Elle.

La vraie tradition échappe tant aux postulats des équipes de campagne de droite et de gauche, mais offre une espérance réelle aux générations actuelles de jeunes. Elle offre un vrai moteur qui donne à penser et à bouger. Ce n’est pas par hasard que tous sont venus de Cracovie en ayant assimilé le mot d’ordre du Pape François, on a besoin de jeunes plein d’espérance pour construire la société, non de jeunes canapé, de droite au de gauche mais sans raisons pour vivre et pour mourir.

Cette année scolaire, la communauté paroissiale de Saint Agricol voudrait être, en tous ses membres et en tous ses services, animée par cet esprit. Transmettre la vie que l’on reçoit de Celui qui encore aujourd’hui nous la donne (tradit) totalement. Son espérance sur le monde n’a pas changé. Vivre en ces moments de crise c’est vraiment une chance. Il convertit les problèmes en tremplin  !

P. Paco Esplugues, curé