RESURRECTION ASCENSION ET ECOLOGIE : DE L’IDOLATRIE ECOLOGIQUE A L’ECOLOGIE DU CROYANT
Parler d’écologie en relation avec la Résurrection semble être un exercice provoqué par les slogans du moment, en suivant une tendance médiatique à la mode, pour asservir la foi à la pensée unique. Beaucoup de chrétiens qui n’ont pas lu l’encyclique Laudato Si, du pape François, pensent souvent ainsi. Je crois, pourtant, que la vraie écologie découle de la profondeur de la foi pascale. Paradoxalement croire à la vie éternelle n’est pas une fuite en avant qui se désintéresse de la Terre, mais l’unique moyen d’en devenir responsable dans un élan soutenu par la foi, donc pas menacé, par les idéologies.
Il ne nous échappe pas que l’environnementalisme est, comme tous les « ismes » modernes, un substitut religieux, par lequel la Terre (ou, si vous préférez, la Nature, en aucun cas appelée Création) est considérée comme le nouveau dieu à adorer (comme d’autres adorent la science ou les lois du marché). Pour cette idolâtrie de la nature, les animaux sont des êtres dotés de la même dignité que l’être humain (par conséquent, sujets du même méli-mélo grotesque de droits) ; les paysages naturels doivent être préservés et bien sûr (comme dans la caricature de l’expulsion de l’Eden) non foulés par l’homme, considéré comme une espèce malfaisante à réduire, si possible jusqu’à ce qu’il ne reste que des transhumanistes éclairés (environnementalisme idolâtre et antinatalisme vont toujours de pair). Tout à fait conforme à sa nature de substitut religieux, l’environnementalisme, nous alerte sur les dangers du changement climatique, en employant une parodie du langage apocalyptique employé par le visionnaire de Patmos.
Mais que cet environnementalisme fou (tout comme le libéralisme économique) soit un substitut religieux ne devrait pas nous abuser. Au cours des dernières décennies, les tenants de la ploutocratie ont discrédité et ridiculisé ceux qui ont montré une préoccupation écologique, dans le seul but de protéger les pratiques économiques les plus oppressives et le pillage des ressources naturelles ; Ce discrédit parfois emploie comme zombies utiles des nombreux chrétiens, alliés de ses thèses, au nom d’une doctrine sur l’éternité ignorant totalement l’incarnation et donc aussi la Résurrection de la chair.
Un chrétien éveillé ne peut pas tomber dans ces simplifications. Il doit se demander si un ordre économique juste doit être fondé sur une croissance indéfinie ; s’il est moralement acceptable d’épuiser les océans et de les transformer en décharges ; si l’agriculture et l’élevage intensifs, ainsi que la création d’espèces animales et végétales transgéniques, sont des moyens d’exercer la « juste domination » sur la Création que Dieu a attribué à l’homme ; Il doit se demander si le bétonnage des côtes ou la transformation des forêts en terrains de golf reflètent la loi naturelle ; si générer un kilo d’ordures par jour et par personne est typique d’une économie voulue par Dieu ; si consommer des produits bon marché fabriqués en Asie par des procédés polluants et une main-d’œuvre asservie, est un péché. Oui, nous avons écrit « péché » : n’est-ce pas comme ça qu’il faut radicalement qualifier ces méthodes ?
Il est évident que la cupidité débridée du capitalisme a trouvé pendant toutes ces années des complices passifs chez de nombreux chrétiens. Qu’un pape écrive une encyclique sur l’écologie qui a énervé certains gourous libéraux me semble très juste. Surtout si elle est fondée sur le Credo et non sur le populisme… Il faut lire l’encyclique pour bien voir sa pertinence.
Croire en la Résurrection c’est croire au commencement d’une « nouvelle Création ». Cela implique une nouvelle relation avec toute la création. Un engagement dans la responsabilité consciente (agir sous l’action de la grâce) de la Maison Commune. Saint Ignace trouve juste, dans la méditation de l’Ascension, l’appel à ne pas regarder vers le ciel, mais à se laisser accompagner par le Ressuscité (qui vient) dans la Galilée de notre monde ! Il propose à la fin des Exercices Spirituels des lignes directrices pour cultiver une spiritualité intégrée à la Création. Dans la « Contemplation pour atteindre l’amour », il recommande dans un premier point : « de rappeler les bienfaits reçus de la création, de la rédemption et des dons particuliers », et dans un deuxième point : « de regarder comment Dieu habite dans les créatures, dans les éléments qui donnent l’être, dans les plantes qui végètent, dans les animaux qui sentent, dans les hommes qui comprennent ». Cela est aux antipodes d’une certaine forme de panthéisme où Dieu est partout et dans tout. Les chrétiens distinguent le Créateur de la créature. Dieu est le Créateur dont l’amour est le motif fondamental de tout ce qu’il a créé (LS 77), et par amour il se manifeste et nous parle dans sa création. Tout l’univers matériel est le langage de l’amour de Dieu, de son engagement avec l’homme. C’est un appel à faire de l’homme un acteur de la Création et à s’engager consciemment dans la Ville qu’il nous a déjà préparés (Hb11,13).
En tant qu’image de Dieu nous sommes appelés à collaborer comme « instruments de Dieu pour le soin de la création » (LS 14). Cet engagement sera un signe concret que la vie du Ressuscité nous a atteints et transformés.
PACO ESPLUGUES