Penser le retour des vacances… La fonction chlorophylle ?

 

Au moment de partir en vacances pour se reposer, c’est toujours un peu gênant de penser au retour. Se rappeler qu’il faut revenir, c’est même parfois très gênant ! Les vacances sont justement « l’oxygène » pour fuir de la pollution quotidienne. Partir en pensant au « monoxyde de carbone » qu’on va respirer à la rentrée, risque de polluer tout notre été. Ou peut-être….non ! Peut-on respirer un autre air ? Pourquoi ne pas regarder d’un peu plus près ces dynamismes là ? Les vacances, ne peuvent-elles pas déclencher un air oxygéné croissant ou durable ?

En effet, si penser à la rentrée nous gêne, cela n’est pas qu’une constatation « normale ». Cette pensée détecte que pour nous les vacances sont conçus visiblement comme une évasion. Donc, probablement notre rapport au présent n’est pas forcément bon ! Ne serait-il pas intéressant de pouvoir profiter des vacances pour « désamorcer » ces rapports faussés et parfois blessants de notre présent ? Sommes-nous condamnés à « gagner le pain avec la sueur de nos fronts » ? La bonne nouvelle de l’Evangile apporte-t-elle quelque chose à notre présent « hors paradis » ?

Cette inscription de l’évangile comme « oxygène » dans le présent ne se fera pas en fuyant de la réalité…même s’il est souhaitable de partir ailleurs comme Jésus le faisait. L’habitude occidentale de programmer l’année qui vient est, à beaucoup d’égards, très louable. Surtout pour une organisation logique et efficace du temps, il est très nécessaire de programmer à mi-terme et de bien calculer comme le dit Jésus dans l’évangile. « Si tu veux construire une tour, calcule bien les bricks, les forces, les dépenses et les délais qu’il te faut ! » (Luc 14,25-35) et si c’est possible…avant l’été ! Penser ainsi à l’après est une bonne façon de mieux profiter des vacances ! Néanmoins l’évangile nous invite à aller un peu plus loin…

Si les vacances sont une fuite, facilement nos soucis nous rattraperont en cours de toute. Ou pire, à la fin des vacances nous perdrons tout l’oxygène d’un coup. Mais pourquoi donc nous auto-condamner à cela ? La foi apporte des réponses beaucoup plus profondes que ce que les inerties ecclésiastiques nous ont habitués. Effectivement il ne s’agit pas de peiner au présent pour gagner des points pour la fin de la vie. La présence vivante du ressuscité au sein de notre réalité est beaucoup plus puissante que ce que nous en profitons. Notre présent personnel est traversé par des sources qui émergent des rochers les plus durs (Ex 40). Toutefois elles commenceront à oxygéner nos vies, seulement lorsque librement nous les accueillerons. Reconnaître Dieu dans le présent de nos lieux de travail et des nos relations parfois « rouillées » peut devenir très fécond, mais il faut prendre du temps pour que nos rétines s’y habituent. Calcule bien…car seulement dans la pauvreté accueillie le surplus de Dieu émerge.

La fonction chlorophylle décrit dans la botanique consiste à ce que les feuilles des arbres transforment par l’action du soleil le monoxyde de carbone en oxygène. Cette fonction essentielle est une parabole de ce que le Christ et son mystère pascal peut offrir à des cœurs avisés, dans leur réalité quotidienne. Des cœurs avisés c’est-à-dire des cœurs qui librement collaborent avec la grâce. Les résultats de « prendre du temps cet été » pour vivre cette communion concrète avec le Christ, nous permettra de mieux lire ce qui nous pollue la vie au présent, pour mieux préparer un vécu de la réalité quotidienne, familiale, professionnelle, relationnelle, oxygéné par le Seigneur.

Mais nous pouvons aussi avec lui, participer humblement à l’amour de rédemption. Alors l’oxygène de Dieu pourra en nous, rejoindre les autres. Le monoxyde de carbone des inerties quotidiennes des uns et des autres peut devenir en ce temps de vacances, une source cachée d’oxygène. N’est-ce pas là le vrai repos du cœur ? L’adoration du Saint Sacrement, le parcours Zachée, les manifestations diverses artistiques/culturelles… Ces réalités spirituelles ne doivent pas faire de vacances cet été. C’est la garantie que le repos de l’été peut-être alors prélude d’un retour plus profondément oxygéné pour nous et pour les autres. Et combien en avons-nous besoin !

Père Paco Esplugues