Joyeux Noël !

21 décembre 2014

Montée sur l’âne, derrière Joseph, Marie marchait vers l’inconnu. Leurs cœurs chantaient sur le chemin vers Bethléem… c’était un chant nouveau… Un chant à trois voix ! A leur rythme, les entrailles de la terre frémissaient aussi. Mais sur ce chemin plein de poussière, seulement quelques oiseaux brisaient le fatal décret de l’empereur et la douleur de l’émigration forcée, qui accompagnait tant de confrères, restait dans la surface comme le plus réel des réels. Leurs regards à eux, laissaient entrevoir le poids du « Non ». Le Messie n’était pas encore venu.

Pourtant la poésie de Joseph et celle d’Isaïe résonnaient ensemble. Marie sans rien dire en avait illuminé le sens :
« Le loup habitera avec l’agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l’ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le boeuf mangera de la paille » (Is 11, 6-7 ).

Le Messie venait par elle et en elle. Dans le regard de Marie le ciel touchait la terre. Celui qu’ils portaient les portait. L’essentiel se passait dans les cœurs. Il était invisible aux yeux. Ces yeux, cet échange de regards transformait le présent. Marie était vraiment habitée et lui se retrouvait habité de la même merveille. Dieu avait pris leur chair. Désormais leur chair était chair de Dieu. Le Verbe de Dieu se fît famille. Et dans leurs cœurs librement habités par Dieu, commençait à se verser « l’amour rivière, l’amour torrent, pour aimer la terre, pour l’aimer tout entière ! ».

Au cœur de « la première communion de la Vierge », comme résonnait de ses belles notes le piano de Messiaen, il y avait une même symphonie. Celle des battements des cœurs de Jésus et de Marie. Au centre de ce rythme continu, « non clignotant et sans dissonances », il y avait les notes que Joseph entendait des lèvres de Marie : « Mon âme exalte le Seigneur… ». Tout en marchant en silence avec elle, il en comprenait davantage le sens. Le cœur de Marie était consacré totalement au Seigneur. Elle qui avait offert son corps et son cœur en disant « Fiat » à l’ange, se sentait de plus en plus concernée par la passion du cœur de son fils. Les deux cœurs s’offraient ensemble pour toute la terre.

Joseph découvrait par elle le sens de la Croix. L’amour passionné de Dieu qui, en embrassant les hommes au prix le plus grand, faisait des blessures du monde le lieu du vin nouveau. Il apprivoisait son cœur, avant d’arriver à Bethléem, dans l’Amour. Ces souffrances et celles de Marie devenaient transfigurées. Ainsi les mépris de Bethléem la nuit de la crèche, lui sembleront plus tard, pleine communion à la soif de son Fils d’embrasser la terre dans le silence. C’est dans son cœur, que le lion violent se transformait en agneau. Le Paradis avait commencé.

Nous sommes invités à accompagner Marie dans son chemin vers la grotte des villes d’aujourd’hui. Elle vient derrière nous sur l’âne. Échanger le regard avec le regard immaculé de Marie, toucher l’enfant en elle… se laisser toucher par sa passion d’amour. Ne pas dérober le regard quand elle nous invitera, face à face, à se laisser regarder par elle. A chaque messe dans la communion se réalise, cette merveille. Joseph encore aujourd’hui nous rappelle ses réflexions sur le chemin vers Bethléem. Elles deviennent plus actuelles que jamais. Encore aujourd’hui il y a des « ciels vides » dans les yeux… L’échange de regards avec Marie encore aujourd’hui transforme l’eau en vin. Allons aux Noces de l’Agneau ! Dans la maison du Pain les hommes toucheront encore en nous le Royaume,

Joyeux Noël à tous !

Famille Missionnaire Dialogue de Dieu