Dans les chapelles de l’allée droite de saint Agricol, se cache une vraie théologie de Marie qui reste d’une très grande actualité. C’est un enseignement qui commence par la chapelle de Sainte Anne avec la petite Marie.
Dans l’école de sainte Anne. La tradition
Nous sommes renvoyés à l’enfance de Marie. Anne et Marie. Mère et fille à l’école d’Israël où les alliances de Dieu sont irrévocables. Anne appartenait sans doute au reste d’Israël. Ceux qui à l’école de l’alliance avaient intériorisé la consécration. « Shema Israël ». Le Seigneur est notre Dieu. Le Seigneur est Un. Le monothéisme de cœur. Une consécration totale du cœur, de l’intelligence, des forces, de l’Esprit. « Tu le rappelleras à tes fils ». Anne formait sa fille non seulement dans la foi mais aussi dans la pratique. Convaincue que si on ne croit pas on ne subsiste pas. Marie, sans péché, apprenait à cette école. La tradition d’Anne était vivante. Sa consécration aussi. Marie intériorisait l’espérance à l’intérieur de la réciprocité avec Dieu. On imagine facilement l’écho que faisait la Parole de Sophonie dans le cœur de Marie. « Ton Dieu dansera pour toi avec des cris de joie. ». L’Ecriture avait des résonances en Marie qui annonçaient déjà la merveille de l’Ange Gabriel. Chaque sabbat Joachim lisait l’Ecriture en famille. « Marie entre et sortait dans l’Ecriture avec un naturel impressionnant » Mieux que nos enfants avec les PlayStation ... N’est-ce pas là un jalon essentiel pour un monde nouveau ?
Puis Marie nous présente son enfant
Toute la figure en mouvement dans un geste de don impressionnant, elle dévoile un intérieur qui révèle la joie du cœur d’une mère qui présente son Fils. Elle nous le donne avec un tel naturel qu’elle semble se donner joyeusement avec son Fils. Elle n’est pas dans l’orgueil de présenter la vérité qu’est son Fils. Elle est là, dans le mystère du don gratuit qui se réjouit de se donner et qui traduit la joie mystérieuse de s’unir au don de son Fils. Elle invite au silence contemplatif. Aujourd’hui, ces joies ne se manifesteront pas dans des stratégies pastorales ou dans des techniques de communication du « ressenti induit ». Pas non plus dans la défense crispée d’une tradition. Elles se manifesteront dans le foyer d’un cœur qui contemple, qui comprend. Qui laisse voir Dieu dans le présent. Qui exulte dans l’Esprit dans un silence toujours habité.
Ce qui permet de venir à La Chapelle de La Croix
Marie est au pied de La Croix. Debout. Stabat Mater. C’est ici le lieu de l’accomplissement de l’amour jusqu’à la mort de son Fils. Grâce au parcours de sa vie totalement unie à la personne et à la mission de son Fils (LG56-58), Marie est au pied de la Croix capable de vivre la plénitude du don de l’Amour. La tradition d’Isaïe lui a permis d’anticiper le destin du Serviteur ; le libre Oui à l’Annonciation lui a permis de prêter sa chair pour la maternité du Fils de Dieu, portant Dieu et portée par Dieu. Ici Marie consent au don total de son Fils pour la rédemption des hommes (LG58). Elle est inclue dans le mystère de la Rédemption et entre dans le mystère sacerdotal de son Fils. Mais elle n’entre pas dans une souffrance sans issue (la perte de son Fils), mais dans une offrande pleinement sacerdotale, qui malgré la souffrance indicible, la fait participer à la victoire de l’Amour sur le Prince de ce monde. Elle arrache unie à son Fils les « disciples bien aimés » de la logique du diable (divinisation tordue, diabolique), pour les amener à la plénitude de l’Amour : Don de soi du Fils, la participation à l’être de Dieu.
Le tableau de la Pietà qui se trouve dans cette chapelle à gauche, est une merveille. Une fenêtre lumineuse, toute blanche derrière la tête de Marie contraste avec les tonalités très obscures du tableau. Cette fenêtre, qui m’a souvent interrogé, m’est de plus en plus signifiante et éclairante. Tenir le Fils totalement donné dans ses bras de Mère, c’est tenir dans le cœur une porte ouverte à la vie nouvelle. Parce qu’elle a consenti, elle touche déjà dans une espérance certaine, le fruit du rachat. L’Immaculée savait accueillir les fruits de la rédemption depuis son enfance, et au pied de la croix, elle introduit le disciple bien aimé, dans la saveur de la vie divine, dans l’amour victorieux du Père et du Fils. Cette fenêtre nous concerne. Nous sommes les bien aimés qui en accueillant Marie a l’intime de nous mêmes sont nimbés de la lumière de sa fenêtre. Quel bien touchons-nous, grâce à elle, dans notre obscur présent.
La dernière chapelle nous renvoie à la prière de saint Agricol à Marie
Mourir d’Amour est le contenu du tableau de la dormition de Marie qui préside l’Eglise. La fin du parcours de Marie est une merveille. Toute elle est devenue Mère de Dieu, et donc « mère de l’Eglise en ordre à la vie divine de ses fils ». Son intercession est puissante. Elle n’est pas une fonction, elle est une personne totalement inclue dans le don fécond de son Fils. Saint Agricol l’avait déjà compris à Lérins. Et il nous invite à le comprendre en suivant le parcours des chapelles du bas-côté droit de l’Eglise. Il a demandé à Marie, en temps de Covid , son intervention et il l’a obtenue. Sa prière à Marie, n’est pas excès d’un christianisme superstitieux et lucidement délaissé en temps de progrès scientifique, elle est l’entrée la plus profonde dans la réalité. L’Amour est victorieux et il a introduit nos vies dans la gloire du Christ « où nous sommes déjà en espérance ». Vivre avec Marie à la maison de saint Agricol ( il semble qu’ici c’était à proprement parler la maison de Magne, son papa),c’ est entrer et s’habituer à vivre cet amour éternel, qui s’ouvre dans la fenêtre de la Pietà, et qui nous fait vivre dans l’amour de qui donne la vie. Aucun Covid ne pourra l’arrêter. Au moins ici en Avignon. En ce mois de Marie laissons installer notre espérance qui ne décevra jamais !