L’Eglise se manifeste pleinement au monde le jour de la Pentecôte. Si elle est faite d’hommes et de femmes, c’est une grande consolation de savoir qu’elle ne fonctionne pas seulement selon les desseins et les programmes des hommes, mais qu’il y a toujours plus, il y a le souffle de l’Esprit. Il conduit notre marche sur les chemins de l’histoire tant au niveau local qu’universel. L’Eglise nait en Synode (des hommes et femmes qui marchent ensemble) et elle avance toujours en synode : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Apprendre à discerner les appels du Seigneur à travers les événements variés de notre présent est une tâche exigeante et belle. Depuis la Pentecôte, l’Esprit nous mène souvent, par des chemins imprévus, mais susceptibles de laisser les traces de Dieu façonner nos vies. La « rugosité du réel », ou « les vents qui soufflent » sans trop savoir d’où ils viennent ou vers où ils vont configurent notre kairos.
Cette année nous avons vécu en paroisse et dans notre diocèse d’Avignon la démarche synodale demandée par le pape François pour toute l’Eglise. Cet apprentissage synodal est le début d’un processus qui a vocation à se développer. Il ne s’agit pas d’un évènement ponctuel. Cela demande la volonté constante d’être suivi et poursuivi de plus en plus. Ce n’est pas « l’affaire du curé », mais pour chacun, la joie d’apporter ses talents et ses charismes à la mission commune. Nous serons appelés sans doute à vivre de nombreux changements. Qu’il sera beau de pouvoir les vivre ensemble, ouverts au souffle consolateur de l’Esprit de Dieu !
C’est avec cet Esprit que les bouleversements de notre vie quotidienne, doivent nous pousser à nous fonder sur l’essentiel, plutôt que de nous recroqueviller sur nous- mêmes. Ils permettent de nous faire devenir des coopérateurs de Dieu. La communauté de Jérusalem juste après la Pentecôte a été éprouvée mais il s’en est suivi un bien encore plus grand (Act 8,1).
L’année dernière la paroisse a été modelée par deux grands axes : le synode et par l’appel à une écologie intégrale en prenant au sérieux les appels profonds de Laudato Si. Certaines diaconies se sont développées dans cet esprit. Cela a fait germer parmi un groupe de paroissiens, entre autres, l’idée de commencer un Patronage.
Le projet de Patronage Laudato Si, a vu le jour dans une perspective de longue haleine. L’instruction à l’école est centrée davantage sur les contenus utiles pour la vie. Le Patronage a pour objectif central la formation intégrale des enfants à tous les niveaux. L’évangile doit s’enraciner dans la chair des hommes. L’investissement est important. Croire au chemin d’un groupe d’enfants et de familles qui dès les premiers pas de la vie apprennent ensemble une façon de vivre selon la vision chrétienne de la personne, signifie planter les premières racines des arbres qui risquent de faire naître et rayonner le Christ incarné. .
L’évangélisation que demande notre monde ne peut pas être un produit utilitariste confié à l’esprit de marketing, fondé par des mouvements médiatiques ou soumis à l’esprit d’émotivité, mais doit être fondé sur des racines profondes, qui configurent la personne et les relations sur un mode intégral. Entreprendre des démarches donnant des résultats immédiats, quantifiables, sans savoir prendre du temps, sans vivre la patience de retourner la terre, de semer, de vivre des hivers et des étés, aura un résultat éclatant sur le moment, mais aux antipodes de l’évangile. Le syndrome qui en résulterait est évident (étymologiquement : « courir ensemble » au lieu de « marcher ensemble »). Malheureusement fruit de cette vision utilitariste de l’évangélisation, un syndrome nous a sauté aux yeux dans les derniers temps de notre vie ecclésiale.
C’est la beauté des relations dans le travail, le service fraternel, la présence sociale, l’art, la culture, etc. (Evangelii Nuntiandi, 16 Paul VI), qui touchera et deviendra significative pour notre monde. La liturgie et la vie sacramentelle, configurent la communauté capable d’annoncer le Christ comme une réalité qui parle par elle-même, et qui devient signe de crédibilité et d’espérance concrète pour notre société très malade. L’église rayonne l’évangile souvent dans le silence, quand le tissu interpersonnel devient « parlant ». La Parole est le « haut-parleur » d’une vie qui surabonde dans le secret comme celle de Marie.
Notre programme : La Parole priée, partagée, vécue, et annoncée est le chemin de longue haleine qui préside notre démarche. Comme dans la première Église « en voyant comment ils vivaient », ils devenaient par les béatitudes vécues, l’annonce d’une nouveauté qui traversait les orages. Nous aussi, accompagnés par Marie, nous voulons être ainsi.
Père Paco ESPLUGUES, curé