Dans la crèche, la maison du pain (étymologie de Bethléem) se cache une merveille méconnue d’une puissance impressionnante : elle s’appelle eucharistie. Et de même qu’à Bethléem, personne n’a perçu la richesse que portait Marie, le phénomène se perpétue aujourd’hui. Y aura—t-il des hommes, un jour, conscients de la merveille qui leur est donnée ? Marie se posait des questions dans son cœur. Elles restent encore aujourd’hui dans l’air et elles émergent chaque année avec les éclairages étoilés des rues principales... "Avignon cité de lumière". Des lumières, oui. De « lumière » ? Pas toujours sûr !
Il y a des seuils à traverser...
Pour jouir des merveilles de Noël il y a des seuils à traverser. Seuils que, chrétiens, nous n’avons pas toujours franchis. Les autres en sont restés à ce que nous leur avons transmis : souvent « Un sentiment enfantin » et pas plus : l’émotivité de la tendresse des enfants, le désir du retour à l’innocence. Parfois nous sommons la société de rester chrétienne sans que nous lui offrions autre chose que des succédanés très éloignés de la réalité. Plus nous restons à la surface de Noël, plus les hommes de toute idéologie vont trouver des motifs pour se moquer. En revanche, plus on traversera les seuils, plus la pertinence de l’incarnation deviendra éclatante. Vrai Noël.
1er seuil. Par le Logos tout a été fait
Le réel et la structure intime de la réalité viennent du Verbe/Vérité. : Croire que derrière la Logique de tout ce qui existe, il y a une Personne. Toute la réalité et ses logiques viennent du Logos Créateur. Traverser ce seuil impressionnant a la vertu d’éveiller à la vraie Écologie. Non catastrophiste, (fruit d’un regard fragmentaire), mais intégrale et unitaire car se fondant sur la conviction que le réel a un interlocuteur. L’homme est partenaire intelligent de Celui qui est la source du Réel. Pas une responsabilité fataliste « procrastinante », mais une responsabilité intégrale, qui tire sa force du Logos. Jn1,5. Cela nous permet de passer du pessimisme des consommateurs, (cf. échec de la cop21 de Madrid), à l’austérité joyeuse de l’action de grâces et donc du sens d’une juste gestion économique comme moyen et non comme fin de tout. La fin est la construction de la vocation humaine personnelle et sociale pleinement aboutie.
2e seuil. L’ADN profond de l’humain est divin
L’Incarnation, ouvre à l’homme un seuil infranchissable. Dieu s’est fait homme pour que nous soyons des dieux. Les traces des soifs divines de l’homme viennent du Dieu qui nous a créés pour nous diviniser. Aucune des recherches techniques ou des orientations transhumanistes ne sont capables de le faire. L’interlocuteur divin qui par amour s’ensevelit dans notre chair, pour vivre avec nous l’épanouissement divin de notre être, transfigure notre vie et notre cœur. Dans le coin le plus perdu de la planète, un homme qui accepte le défi du libre accueil de Dieu en lui, commence à déployer une énergie plus forte que la bombe atomique. (M Luther King. Etty Hilesum). .
3e seuil Les relations ne sont pas condamnées à la frustration
La haine n’a plus le pouvoir. La Pâque du Christ n’a pas seulement transformé notre condition mais nous a rendus capables de vivre une communion qui fait de nos différences et même de nos concurrences, le lieu de l’édification de l’unique Corps de l’humanité dans le Christ.
Il ne s’agit pas d’une "fraternité bon marché" résultant de l’évacuation des valeurs profondes de chacun dans un magma superficiel de sentiments et de relations "cool". Il s’agit d’une fraternité qui tient de l’amour rédempteur du Christ, la force du don de soi total. Celui qui connaît l’Enfant de Bethléem et du Calvaire vit en synergie avec Lui, leurs relations deviennent source de communion « inoxydable ». Ainsi apparaissent des hommes forgeant des relations d’unité comme François d’Assise, Mère Teresa, Christian de Chergé, etc... dont l’Amour ne connaît pas de frein !
En traversant ces seuils, fondamentaux pour jouir de ce que l’événement de Noël nous a offert, tout homme se sent concerné. Que ces fêtes nous aident à franchir ces seuils, d’un pas décidé. Ainsi nous ne serons plus des chrétiens retranchés dans des bastions mais des hommes qui continuent à témoigner de la Vérité du Christ, plongeant dans la confusion toutes les idéologies et tous les pessimismes. Des saints aujourd’hui, témoins de la merveille d’être et de jouir dans le sein de Dieu. Rien que les contours de cette réalité nous enivrent. Et cela n’est qu’un aperçu de ce qu’il se passera « de l’autre côté du rideau » quand nous jouirons du face à face. Venite adoremus Dominum !