Mars 2015

9 mars 2015


« Un vieux pommier ne donne pas de vieilles pommes ».

Cette semaine le Pape a donné des exercices spirituels à toute la Curie romaine. C’est une tradition que les papes pratiquent depuis longtemps, mais dans ce pontificat il y a quelque chose de particulier puisque c’est le premier Pape Jésuite, donc appartenant à la Congrégation fondée par Ignace de Loyola créateur des exercices spirituels, qui les dirigent. Depuis St Ignace ces exercices sont devenus une grâce pour toute l’Église. Ils sont un moyen unique pour le discernement des grandes décisions de la vie et un instrument de renouvèlement de la vie spirituelle extraordinaire. Ils sont à la portée de tous. Ignace le donnait aux laïcs et à chaque type de personne, chacun selon ses possibilités et ses désirs. Ignace disait : « Les exercices spirituels sont certainement ce que je peux au mieux concevoir, connaître et comprendre dans cette vie, aussi bien en ce qui concerne le progrès personnel d’un homme que pour les fruits, l’aide et le profit qu’il peut procurer aux autres ».

La grandeur de cette pratique c’est qu’elle permet d’entrer dans le sens le plus profond du Carême. Comment renouveler notre vie de telle façon que l’évangile intègre toute notre existence ?

Pour cela il ne suffit pas de « faire des ascèses temporelles », pour se récupérer « avec excès » quand la Pâque arrive, mais justement d’entamer des processus de vie selon la fécondité de l’évangile. Cela passe nécessairement par le discernement et par l’écoute du Seigneur dans toutes les dynamiques de notre vie : Travail, famille, choix, hobbys, action sociale, prière, etc.

C’est tellement grand que le Carême puisse servir pour revisiter avec le plus grand sérieux notre vie de manière intégrale et commencer à jouir des fruits de l’Evangile dans notre existence.

Le Seigneur m’a permis d’accompagner ces derniers temps un groupe de personnes pour faire des exercices dans la vie quotidienne comme saint Ignace lui-même avait commencé au début de son apostolat. Chaque jour à 6h du matin on avait les méditations (parfois par téléphone ou par mail -archives enregistrés-) La modernité facilite des choses impossibles dans le temps d’Ignace. C’est une merveille de voir que des étudiants en discernement de leur vocation, des mères de famille, des professionnels chrétiens préoccupés de vivre leur métier selon l’évangile fassent ce chemin quotidien pendant 40 jours comme renouvellement total de leur vie. Tout cela sans arrêter leurs occupations quotidiennes. Accompagner d’autres est aussi une grâce de renouvellement énorme pour celui qui les dirige. C’est en faisant cet exercice qu’il m’est venu dans l’Esprit, l’importance de pouvoir le généraliser à tous les membres de notre paroisse missionnaire qui le veulent.

Pas nécessairement dans la même formule, mais sans aucun doute, dans la même longueur d’onde. La vieillesse ou la fatigue du christianisme avec « la mine de Carême » disparaît presque immédiatement. Un vieux pommier ne donne pas de vieilles pommes. Quand on se dispose intérieurement en fonction des transformations de la vie à donner du fruit, les fruits nouveaux ne tardent pas à apparaitre dans nos cœurs et dans toutes nos activités.

La confluence entre cette retraite et le Carême, m’a amené encore plus loin dans la réflexion. Cela change aussi le mode de gouvernement de la paroisse. En fait, je crois que le mode de gouvernance spirituel qui se dérive des exercices nous habite depuis très longtemps. Nous ne sommes pas une paroisse de fonctionnaires qui rendent des services ecclésiastiques mais une communauté vivante qui essaye de discerner à l’écoute de l’Esprit, les appels et les réponses concrètes à ses appels (ce « style » c’est le Seigneur qui nous l’a donné depuis longtemps).

La retraite pourtant m’a fait comprendre l’importance de faciliter la possibilité de faire ces exercices pour que le plus possible d’entre nous, évidemment ceux qui s’y sentent appelés, puissent avoir l’opportunité de le faire. Le Pape François qui, comme jésuite a « l’ADN » de ce discernement spirituel dans le gouvernement de l’Eglise, lorsqu’il parle de réforme de la Curie c’est justement par ces chemins-là qu’il veut la faire. Un jésuite disait que les membres de la Curie pour mieux comprendre et collaborer avec lui devraient s’habituer à ces chemins afin de ne pas rester à une reforme extérieur. On comprend que c’est ça le chemin que François est en tain de faire. (cf voir le discours du pape sur les maladies concrètes auxquelles il les invitait à changer, résumées dans une feuille info antérieure). Je sens que ce serait une chance pour notre paroisse si ensemble on pouvait aussi s’habituer davantage à cette écoute du discernement de l’Esprit. Le pommier des nouvelles pommes commence déjà à bourgeonner.

Bonne route !


P. Paco Esplugues

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