« A quelle condition nos crises actuelles peuvent-elles être des solutions pour demain ? ».
Ce matin je préparais un cours de théologie sur la « Trinité dans le Concile Vatican II » et au fur et à mesure quelque chose me semblait illusoire. Lorsque nous essayons de mettre en relation ce que l’on voit dans notre société ces dernières semaines et les promesses que l’Eglise entend apporter au monde par le Concile… on a l’impression qu’il y a quelque chose qui « cloche ».
Est-il vrai que « l’Eglise est un peuple réunit avec le même amour dont s’aiment les personnes de la Trinité » (LG4) ? Est-il vrai que l’Eglise par son témoignage « offre au monde les chemins de la vraie humanisation selon la vie trinitaire » (Paul VI) ? L’Eglise est-elle à la hauteur de ces enjeux ?
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Politique versus l’homme ?
800 émigrants noyés dans la Méditerranée, et la Commission européenne qui se réunit juste après pour « noyer l’information ». Son propos semble traduire que l’on ne peut rien faire pour prendre au sérieux cette question. L’angoisse et la peur de ne pas être élus aux suivantes élections empêche de prendre au sérieux les problèmes migratoires et d’y trouver des solutions. Les politiques, sans une générosité supplémentaire et librement choisie, ne chercheront jamais de vraies solutions.
Comment cette générosité peut-elle arriver sans des structures de formation de la pensée en dépassant la pure réaction des sentiments médiatisés ? Les chrétiens, offrons nous ces perspectives et ces fondements ?
Chrétiens persécutés
Des chrétiens assassinés chaque semaine, certains jetés dans la mer, d’autres massacrés dans leur université, d’autres égorgés sur une plage, etc. La menace de bombes qui peut apparaître dans nos églises par le fait même qu’elles soient des lieux de culte chrétiens …
Est-il vrai que les chrétiens sommes-nous porteurs des semences de réponse pour une société dans laquelle le pluralisme religieux ne peut pas émerger tandis que la peur pèse et que l’on a pas le temps de prendre le temps de réfléchir à ces questions et encore moins de les résoudre ? Quelles relations l’Eglise doit-elle établir avec les hommes des autres religions et spécialement avec ceux qui nous menacent si fortement ? Naïveté ? Peurs ? Rien de plus ? Sommes-nous aujourd’hui en mesure de prendre réellement au sérieux l’invitation que nous a faite Vatican II à « reconnaître et à traiter le Christ notre frère en tout homme » ?
Synode de la famille : Sans « pôle nord » pas de chemin à parcourir
Le synode de la famille a créé un grand débat dans l’Eglise, qui est loin d’être résolu. On pose les questions fondamentales sur la réalité de la famille. Le consensus sur le chemin à parcourir entre les principes fondamentaux de la conception chrétienne de la famille et les situations concrètes des hommes, est loin de faire l’unanimité. La base des discussions remonte très loin puisqu’il s’agit au fond d’une vision de l’homme. La compréhension que l’homme d’aujourd’hui a de lui-même et du sens de ses relations est très variée et parfois éparpillée. Dans le Parlement on vote des lois sur le mariage pour tous, la PMA, etc., qui ne sont que l’expression des rapports de force de différentes idéologies et des groupes de pression.
Sommes-nous capables d’offrir des clés lumineuses pour discerner ces situations ? Pouvons-nous apporter une lumière qui prenne en compte la relation de l’homme et de la femme en permettant de faire cas des enjeux posés ?
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Ces questions ont pris forme en moi ce matin. Le chemin que le christianisme ouvre comme réponse vitale s’est dessiné entre les lignes. L’appel que Dieu-Tirnité nous adresse à participer à sa vie m’est apparu comme la solution. Marie en est l’école. Elle aide chacun de ses enfants à faire siennes les relations trinitaires. En Elle, nous découvrons la réponse. Une réponse « déjà présente » dans le profond de la conscience de chacun, et qui ne montre sa pertinence que dans l’humble pèlerinage de la foi pascale.
Simone Martini dans son Voyage vers Sienne (vers la Maestà qui avait traversé toute son œuvre) nous a invités à parcourir l’autre soir de la main de Serge Barbuscia à l’Eglise Saint Agricol un chemin existentiel de retour vers les fondamentaux de la foi. Ce chemin est une parabole merveilleuse qui vient éclairer toutes ces questions. En Marie, l’Eglise trouve les réponses aux enjeux de notre société, à condition de ne pas La réduire à des caricatures pieuses. Osons parcourir de Sa main, avec Mario Luzzi et avec Vatican II (LG 65), les routes qu’Elle nous a ouvertes. En ce mois de mai, les crises actuelles pourraient ainsi dessiner des solutions pour l’avenir.
P. Paco Esplugues