Janvier 2015

4 janvier 2015

« Le baptême : Épiphanie de la paix et de l’unité »

Après avoir invité la Curie romaine à se convertir des dérives non évangéliques du pouvoir et des arrangements de caste lors de son discours de fin d’année, le pape François dénonce avec une belle énergie tout esclavage social. Il montre dans son premier discours de l’année 2015, comment les esclavages modernes sont un scandale qu’il faut dénoncer de toutes nos forces et bannir totalement. Cela concerne tant les plaies de l’église (ce qu’il dit de la Curie peut s’appliquer à chacun de nous) que les modèles de société que nous construisons dans lesquels les esclavages modernes font partie de l’ensemble. Pour tout cela la solution ne peut pas se baser seulement sur le « volontarisme » des politiques ni sur des conversions épidermiques, mais en plongeant dans la grâce du baptême. La cohérence de vie et le sens fraternel ne peuvent pas se fonder sur nos seules forces. "Nous ne devons pas nous demander à nous-mêmes ce que nous ne pouvons pas nous donner" (Saint Augustin Homélies sur la 1re lettre de Jean).

C’est pour cela que dans le premier discours de l’année le pape François a demandé aux présents (de même qu’il l’avait fait l’année dernière) s’ils se rappelaient de la date de leur baptême et s’ils le célébraient. En fait, s’en rappeler et le célébrer est l’occasion d’approfondir le sens de notre baptême. Car c’est effectivement en plongeant dans le don que nous avons reçu de ce sacrement et qui nous est donné chaque jour, que les énergies dont nous avons besoin pour vivre l’évangile avec joie, peuvent nous rejoindre et déborder en nous et dans le monde.

Dans quelques jours nous célébrons le Baptême de Jésus comme conclusion du temps de Noël. Jésus baptisé au Jourdain inaugure le sens profond de notre baptême : Être habités en permanence par l’Esprit. Cette immersion dans l’Esprit produit tous ses fruits au fur et à mesure que nous prenons conscience et que nous reconnaissons sa présence en nous et que nous suivons les traces du Christ. L’Esprit du Christ active en nous et le vouloir et le pouvoir. Lui-même porte à bonne fin en nous ce qu’Il a commencé (Ph 1). C’est tellement vrai ! Il est la force de l’accomplissement soutenu. Dans le pèlerinage de nos vies au fur et à mesure que nous marchons, nous percevons que nos cœurs s’unifient et que la paix, dont le Seigneur dit que personne ne nous pourra nous l’enlever, nous habite.

Le moteur de notre vie paroissiale trouve sa source dans notre baptême vécu et déployé. Cela nous réjouit. Combien d’entre vous, vous en avez fait l’expérience dans les différents secteurs que vous animez. Nous constatons alors que nous pouvons commencer réellement à toucher quelque chose de ce que Paul dit en Galates 3,27-29 : « Il n’y a ni juif ni grec ni esclave ni libre ni homme ni femme. Nous sommes un dans le Christ  ». Nous devenons chacun de plus en plus nous-mêmes lorsque nous osons répondre au Christ personellement dans l’Esprit. Ces conséquences du baptême que Paul signale comme la marque des communautés de Galatie, nous commençons à le voir chez nous, fruit de différentes « activations » de notre baptême dans la vie paroissiale.

Nous célébrons également dans ce mois de janvier la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Comme c’est beau de voir des germes de communion fleurir par « l’activation » du baptême. Ce n’est pas par le fait de gommer les différences mais en les mettant au service du Corps Entier que l’Unité se réalise. C’est en accueillant pleinement la grâce du baptême « activé » au service du Corps que chacun se déploie et devient de plus en plus lui-même.

Bel itinéraire d’une route jamais finie, mais quelle joie de faire expérience que les plaies de l’humanité et de l’Eglise dont François se fait écho en ce changement d’année trouvent dans le baptême vécu une remarquable puissance de transformation. « Plus forte que la bombe atomique » disait Martin Luther King.

P. Paco Esplugues, curé

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