Décembre 2018 : Gilets jaunes et espérance messianique

11 décembre 2018

Le conflit des gilets jaunes n’est pas un évènement ponctuel. Il ne l’est pas par la façon dont il se manifeste. Il ne l’est pas non plus par le contexte duquel il naît. Les analyses immédiates disent des choses vraies mais ne disent pas tout. Le problème est trop analysé à partir de symptômes et très peu traité en étudiant les mouvements de fond.

En observant, on s’aperçoit que la rapidité de la perte de popularité augmente incroyablement vite entre chaque président. Est-il un conflit qui dérive uniquement des erreurs politiques  ? N’est-il pas plutôt le symptôme d’un désajustement social qu’aucun prochain leader ne pourra régler  ? L’accélération de chute perdurera. Et la paix attendue à chaque fois deviendra plus que jamais une chimère. Noël, au milieu de tout cela, n’est-ce pas presque une fuite dans le monde des rêves ou une insulte au bon sens : Nuit de la paix  ? 

Je crois que le climat apocalyptique dont les médias se font écho chaque jour n’est pas forcément un mal s’il nous permet de dépasser les réponses superficielles. Et s’il nous laisse nous interroger sur ce que l’événement de Noël apporte. La paix  ? Peut-être oui.... Mais la vraie  ! 

Chaque nouveau président est reçu comme un Messie et tous chutent chaque fois plus vite. Ne serait-ce pas la preuve que le régime appelé démocratique, commenté par des médias -usine à pubs, est totalement faussé  ? La pub des campagnes électorale construit, sculpte un «  Messie  », mais aucun technocrate issu de ces campagnes ne peut répondre aux attentes messianiques des électeurs. 

Sans aller trop loin, il est évident qu’on demande à ces «   messies  » ce qu’ils ne peuvent pas nous donner  ! Les taxes carbones sont un problème, la répartition des richesses aussi, revendications justes sans doute. Mais ce sont les symptômes d’un problème plus profond. Il s’agit d’une « foi fausse » et tenace. Partagée tant par les élites dirigeantes que par une grande partie des citoyens et relayée par tout le réseau médiatique du pays.

On nous vend que le bonheur et la réussite de la vie sont directement proportionnelles à ce qu’on a. A ce qu’on aura. Ce messianisme est tellement faux que sur cette longueur d’onde on n’aura jamais un diagnostic juste des problèmes. A chaque campagne électorale apparaît un nouveau Messie qui promet le bonheur de l’âme de la France et s’applique rationnellement à le résoudre avec des mesures technocrates et économiques. D’où le déboussolement (déboulonnage) des gouvernements successifs, mais aussi la démagogie des candidats suivants qui cherchent à trouver une formule dans le même registre. Ni rachat de la France, ni retour aux valeurs, ni expulsion des étrangers ni inclusion, ni recettes sentimentales ou de «  pédagogie politique  » ne vont résoudre un problème plus profond. Complètement déplorable le discours de notre président pour trouver la paix  !

La question de Noël comme venue du vrai Messie ne s’impose pourtant pas. Parce qu’au vu de ce qui se passe, les églises ne sont pas dans ce contexte de surplus d’âme qu’elles ont été en d’autres moments de l’histoire. Non, le Messie que présentent les églises en général, est profondément dévalué quand on voit jusqu’où la corruption morale qu’elles entendent dénoncer chez les autres est présente et cachée en elles-mêmes. Le Messie des chrétiens est-il le Sauveur de cette société malade dans laquelle tous voient le mal, dans laquelle, tous s’accordent à dire que c’est la faute des autres mais dans laquelle personne ne trouve les ressources d’une construction positive d’un véritable lien social. Le Dieu des bondieuseries peut-il apporter à notre société malade une vraie solution  ?

Heureusement que le Messie des évangiles, ne se laisse pas réduire aussi facilement à ce qu’une église mondanisée a fait de Lui. Ces temps de crise (juste au temps de l’Avent), nous donne une occasion particulièrement intéressante pour mieux sonder comment des prophètes en exil (avec des difficultés humainement plus difficiles que les nôtres) voyaient que l’eau pouvait jaillir dans leurs déserts et que le Messie apporterait la vraie paix entre les peuples. C’était déjà, avant la lettre, des slogans de nos campagnes électorales mais où la prophétie était réelle, si réelle qu’elle germerait de la terre  ? 

Le prophète Isaïe promet que la paix viendra quand «  il y aura la connaissance de Dieu dans toute la montagne sainte  ». Ce temps de crise est extraordinaire pour nous replacer à un niveau plus profond celui où le Messie de Nazareth entendait nous inviter à vivre pour que l’âme de chacun trouve des ressources divines qui ne soient pas menacées par les aléas du marché.

Le Messie de Nazareth a risqué sa vie pour nous faire découvrir que la relation à Dieu était tellement nourrissante que ceux qui la goutaient, dépassaient largement les peurs dans la relation. Le Messie de Nazareth fonde la vraie paix dans un don de soi si divinement soutenu que les ressources pour construire une société nouvelle (La cité de Dieu) grandissent et se transmettent à d’autres.

Et si ce temps de l’Avent si mouvementé, cette année, nous poussait à mieux étudier le Messie de Nazareth  ! Et si cette étude nous permettait de nous rendre compte de la pertinence enivrante de ses voies, on dirait aux crises et aux bouleversements : Merci  ! Et quand nous chanterons «  Venez divin Messie  » nous saurons mieux ce que nous chantons  ! Maranatha  ! (Seigneur viens  !) le Seigneur vient  !

 

P. Paco Esplugues