Suivre les pas du Ressuscité ? Résurrection et science…
On peut comprendre ceux qui ne croient pas que le Christ est ressuscité, considérant qu’il n’était pas Dieu (ou considérant, plus simplement, que Dieu n’existe pas). Beaucoup plus bizarre me semble l’effort des soi-disant théologiens et exégètes bibliques qui, après avoir soumis les textes évangéliques - chaque verset, chaque mot, chaque virgule - à une analyse exhaustive, concluent que la résurrection du Christ ne s’est pas produite comme le décrivent les évangélistes, mais c’était une « expérience de foi », une sorte d’« autosuggestion » qui poussait les apôtres à croire que leur Maître était encore présent dans leur vie, conséquence inévitable de leur crédulité excitée par les annonces que le Christ lui-même leur avait faites. Je constate trop souvent qu’il y a beaucoup de chrétiens qui les ont suivis. Et combien de dégâts cela a produit dans les âmes : « chrétiens soi-disant critiques » mais en réalité profondément anesthésiés. Incapables de vivre ni de susciter le ferment de l’évangile !
Selon la thèse absurde de ces théologiens, les disciples nourrissaient un espoir si fort et irrésistible de voir Jésus-Christ ressuscité que leurs sens en étaient obscurcis. Ils considéraient que, pour compenser l’échec ignominieux du Golgotha, il fallait que Jésus ressuscite d’urgence ; et dans ce climat de malaise et d’anxiété, dans cet état d’attente et de désespoir superstitieux, ils acceptaient comme vraies les hallucinations de quelques femmes hystériques et les témoignages délirants de ceux qui prétendaient être tombés sur l’homme ressuscité. Les disciples ne pouvaient pas accepter que Jésus les avait trompés, ils ne pouvaient pas assimiler que Jésus était un homme comme eux ; et, plutôt que de s’avouer vaincus, ils auraient accepté de croire ceux qui prétendaient l’avoir vu après la mort et aussi de propager un tel fantasme parmi leurs fidèles. Ou bien – car la condescendance de ces soi-disant théologiens et exégètes admet aussi des versions plus caramélisées et bon enfant – les apôtres « sentaient » que, bien que le Christ soit mort, il restait vivant dans leur cœur.
Par la cohésion autour de ce Jésus qui était maintenu vivant dans leur cœur, ils auraient réussi à créer un consortium qui finirait par être ce que nous comprenons aujourd’hui comme l’Église.
Mais la vérité est qu’aucune de ces affirmations n’a d’appui dans les textes évangéliques sur lesquels ces théologiens et exégètes se fondent pour défendre leurs conclusions farfelues. La vérité est que les évangélistes ne racontent pas les expériences mystiques que ces exégètes revendiquent, ni ne se réfèrent à des apôtres crédules ou suggestifs, bouleversés ou désireux que le Christ ressuscite. Ce que nous trouvons dans les Evangiles, c’est une poignée de personnes qui n’attendent pas la résurrection de leur Maître ; et que, lorsqu’ils se retrouvent face à face, ils refusent de l’admettre, ils continuent à douter obstinément, parfois même en présence du Ressuscité. Les femmes qui annoncent la nouvelle que le tombeau est vide sont qualifiées de folles. Certains disciples continueront à douter jusqu’à ce qu’ils le voient manger. Et l’un d’eux aura même besoin de toucher les blessures du Christ de ses propres mains pour céder à son incrédulité. Ils se méfient à tel point qu’ils réagissent avec peur chaque fois qu’ils voient le Ressuscité, croyant que c’est « un esprit » (un fantôme, dirions-nous). Et la seule idée de le voir parmi les vivants leur semble si bizarre que, lorsqu’ils le rencontrent, ils le prennent pour un jardinier (c’est ce qui arrive à Marie-Madeleine), ou ils sont incapables de le reconnaître pendant longtemps marcher jusqu’à Emmaüs. Il semble peu probable que des personnes influençables désireuses de voir le Christ ressuscité réagiraient par des démonstrations de choc et d’incrédulité, avec une maladresse et un manque de discernement aussi hébétés. En lisant les Evangiles, on arrive à la conclusion que les apôtres, loin d’inventer le retour de leur ami à la suite d’une hallucination, finissent par l’accepter après bien des réticences, s’abandonnant à l’évidence. Peut-être parce que l’idée de la résurrection répugnait à leur esprit rationnel, tout comme elle l’est à nous. Je peux comprendre l’athée qui considère la résurrection du Christ comme une fable. Mais comprendre ces soi-disant théologiens et exégètes qui passent de nombreuses années de leur vie à étudier une discipline ardue et à se familiariser avec des langues anciennes pour conclure que la résurrection n’est qu’un simple phénomène d’autosuggestion est au-delà du compréhensible. Pour un tel voyage, de telles sacoches n’étaient pas nécessaires. A moins que, dès le début, ces soi-disant théologiens et exégètes aient été guidés... non par l’incrédulité, mais par la haine purulente ; et que toutes leurs années d’études ne soient que l’alibi qui leur permet de déguiser leur haine avec un bagage savant. Mais une telle explication nécessite d’accepter qu’il ne s’agit pas de théologie... mais d’une pathologie non résolue. Le pire c’est tous ces chrétiens qui les ont suivi, eux ne rêvent pas d’autre chose que d’adapter l’Eglise au monde. Pour eux suivre les pas du Ressuscité c’est simplement une pensée rétrograde à bannir, « scientifiquement ». Heureusement que la création nouvelle est à l’œuvre réellement, très puissante, quand des chrétiens avec un bon sens y croient !
PACO ESPLUGUES