Par Marc Henry-Baudot avec Michou.
Pâques, passage, crise, changement radical, libération. tels sont les mots évoqués à l’approche de la fête de Pâques, mais ce sont aussi des mots que l’on peut prononcer hors de toute « liturgie » car ils touchent quelque chose de profond, de vital en nous, la capacité à nous renouveler, à trouver un nouveau départ après nos hivers !
Dans nos pays d’Europe, tant critiqués de l’intérieur qu’espérés de l’extérieur, nous avons la chance d’être épargnés par les fureurs du monde, qui mettent des familles et des populations entières hors de leur pays , de leurs maisons, vers une précarité et une dépendance absolue. Partout, en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Libéria, en Lybie, la vie humaine bascule et perd ses repères habituels de simple humanité, un pays, une maison, une famille, du travail, des amis !
Là-bas, tant de personnes espèrent un changement réel et concret de leur situation et ne cessent d’espérer ce qu’on a appelé des « printemps » ! Bien sur, nous avons eu aussi les attentats du 7 Janvier, un sérieux avertissement et un bref sursaut d’espérance vite retombé. Mais alors que les doutes s’installent quand tout est plutôt signe que « rien ne changera jamais », la nature, elle aussi pourtant menacée, nous parle une fois de plus, si nous savons regarder :
Le laurier rose que nous avons un peu trop taillé cet automne, ne donne encore aucun signe de renaissance, de bourgeons ! Pourtant, quelque chose nous dit qu’il n’est pas mort, un minuscule point vert sur la tige, et nous guettons tout ce qui pourrait l’aider tant soit peu à …ressusciter ! Étrange métaphore de Pâques devant la porte de notre garage ?
Sommes nous tous des arbustes trop émondés, des personnes trop touchées par la vie, ses désillusions, ses horreurs parfois pour espérer renaître ? Sommes-nous, riches européens, dans nos voitures blindées de gadgets, anesthésiés par le consumérisme et l’individualisme ambiant, devenus aveugles à notre environnement comme un langage de la Vie ?
"Voici que je vais faire du nouveau, qui déjà paraît, ne l’apercevez-vous pas ? Oui, je vais tracer une route dans le désert, des sentiers dans la solitude" Isaïe 43,19
Ou bien alors, gardons –nous en profondeur, comme je le pense, une confiance, un appel intérieur que rien ne saurait empêcher de grandir, une certitude venue du fond des temps lorsque les Prophètes cherchaient à réveiller un peuple en exil :
« Nous le savons, en effet, toute la création jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement !"
« Car notre salut est objet d’espérance, et voir ce qu’on espère , ce n’est plus l’espérer, mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance ». Rom 8,24
Comment la vie peut-elle sortir de la mort apparente ? Pâques, le printemps, c’est le temps de cette espérance–là, entre ce qui est encore invisible mais sur le point de surgir avec une force incroyable qui nous dépasse.
Comment la saisir ? Peut-être, à travers une transformation parfois microscopique de nos comportements, de nos attitudes, qu’avec un peu d’attention, nous pourrions déceler en nous-mêmes :
« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » Jean 12-24
Un philosophe grec disait : nul ne peut se baigner deux fois dans la même rivière, en effet, comme l’eau qui s’écoule n’est plus la même qu’hier, moi non plus, je ne suis plus le même ! Vivre, c’est changer et croire à cette lente métamorphose, c’est se redonner une espérance , une vision lointaine vers laquelle tout notre être tend ; un bonheur de vivre, une famille où chacun a sa place et trouve son chemin, quelque soit son âge , à travers souffrances et joies.
« Je connais ses angoisses, je le ferais monter vers une contrée plantureuse et vaste, ou ruissellent le lait et le miel » Exode 3.7
« Ils bâtiront des maisons qu’ils habiterons, ils planteront des vignes dont ils mangeront les fruits » Isaïe 66.21
L’arbre sans feuilles, en hiver, est-il révolté, triste ? Non, il est patient ! Religieux ou pas, on peut découvrir une sagesse cachée dans les Écritures anciennes souvent mystérieuses et s’en nourrir, croire à une Vie qui vient, qui est toujours devant moi !
Le temps de Pâques est un temps de « passage », ne l’oublions pas ! A chacun de nous d’en trouver un sens concret pour aujourd’hui ? La « résurrection », qui nous pose tant de questions, se manifeste à chaque printemps dans l’éclosion de la graine en fleur, de la chenille en papillon !
La vigne délicieuse, chantez-la !
Moi, Yahve, j’en suis le gardien,
À tout instant je l’arrose, de peur que ne tombe son feuillage,
Nuit et jour je la garde !
Isaie 27,3
Marc Henry-Baudot
En collaboration étroite avec Michou,
Compagne du voyage
24/03/2015