Nous avons eu l’occasion de faire connaissance avec Luiz Henrique Ferreira lors de son ordination diaconale en novembre 2015. Nous le retrouvons pour faire le point sur son parcours depuis cette étape.
Comment as-tu vécu l’étape de ton ordination diaconale ?
Mon ordination elle-même a été un moment très fort. Le fait qu’elle se passe au Brésil dans ma paroisse d’origine auprès de ma famille, mes amis et mes frères de la communauté Pantokrator, a enraciné davantage dans mon cœur la dimension de ma vocation en tant que service ecclésial. De fait, en retrouvant mes racines j’ai pu méditer qu’un serviteur de l’Église est pris au milieu du peuple pour servir le peuple. Ainsi, j’ai expérimenté de façon plus sensible, au moins pour moi, que mon appel s’inscrit dans une histoire concrète.
Que s’est-il passé durant ces 7 mois ?
Très simplement, mon appel « a pris corps ». Pendant ce temps, j’ai été envoyé par Mgr Cattenoz en stage à la paroisse Saint-Agricol d’Avignon avec la Famille Missionnaire Dialogue de Dieu. En paroisse, j’ai pu célébrer des baptêmes et des obsèques et, la plupart du temps, j’ai été en contact avec des jeunes collégiens et lycéens accompagné du Père Césareo et de la communauté. C’est surtout le contact avec les personnes qui m’a beaucoup enrichi car je crois avoir pu toucher de plus près la quête de tout être humain. Bref, grâce à toutes ces belles rencontres, je crois avoir maintenant une conscience plus approfondie du sens de ma vocation.
Comment prépares-tu ton ordination sacerdotale ?
Pour l’instant, je me prépare de façon plus « matérielle » en essayant de remplir jusqu’au bout les tâches qui m’ont été confiées pour cette année dans toutes réalités de ma vie : communauté Pantokrator et stage diaconal. Bien que, depuis quelques jours, je prenne le temps de prier et de méditer sur le sacerdoce, je crois que la préparation plus essentielle et plus « spirituelle » se fera pendant ma retraite de préparation à partir de samedi prochain jusqu’à la veille de mon ordination. L’Église, dans sa sagesse, demande aux candidats au sacerdoce, avant l’ordination diaconale et l’ordination sacerdotale, de prendre un temps de retraite pour se préparer à la grâce qu’ils recevront à travers l’ordination. Pendant ce temps, le candidat se recueille en prière et méditation afin de se disposer de tout son cœur au Seigneur.
Etre ordonné loin de son pays, quel sens cela prend-il ?
Pour moi, ça prend le sens de l’amour. Cela peut paraître un peu bizarre dit comme ça, mais c’est de cette façon que je le ressens. Or, l’amour est un engagement entre deux personnes différentes qui s’unissent pour un projet commun. Ce lien d’amour devient premier par rapport aux liens précédents. C’est ainsi que je vis mon ordination en France. Je me suis senti aimé et appelé par le Seigneur. Il m’a choisi et moi j’ai fait le choix de lui répondre positivement en m’engageant pour un projet missionnaire avec lui à travers son Église. Ce projet commun m’a fait venir en France. Ainsi, mon ordination ici, loin de ceux qui me sont chers, prend le sens de l’amour, du don de moi-même à l’Eglise du Seigneur concrétisé dans des personnes vers lesquelles le Seigneur m’envoie. C’est un lien d’amour qui est devenu premier par rapports aux autres liens d’amour.
Quelle est la Parole qui te guide ?
Si l’on peut résumer en seul mot : la Parole qui me guide est Miséricorde. De fait, je trouve très significatif que mon ordination ait lieu pendant cette année jubilaire convoquée par le Saint Père. En essayant d’approfondir ce thème, le Seigneur me fait la grâce de me rendre compte combien il me fait miséricorde tous les jours. Si l’on me demande quel est le personnage biblique qui traduit mon expérience de miséricorde, je répondrais Saint Pierre. J’aime beaucoup le passage de l’Évangile (Jn 21, 15-17) où Jésus pose la trois fois la question à Pierre : « Pierre, m’aimes-tu ? » Dans le texte grec, les deux premières fois Jésus poses cette question en utilisant le verbe grec (agapaw) qui évoque l’amour agapé, pour faire simple un amour inconditionnel. Pierre répond les deux fois au Seigneur qu’il l’aime, mais en utilisant un autre verbe, (filew), qui évoque l’amour fraternel et d’amitié, un amour limité.
Lorsque le Seigneur pose la question par la troisième fois, il utilise le même verbe employé par Pierre. Pour moi, c’est comme si le seigneur lui disait : viens, je prends ton amour tel qu’il est, même s’il est petit et limité je l’accepte pour le faire grandir.
C’est ainsi que Seigneur me fait miséricorde, il me prend mon amour pour lui, un amour petit, limité et il l’accepte pour le faire grandir, pour aimer en moi et à travers moi avec son amour parfait et sans limites. Pour moi, mon ordination est l’occasion de chanter la miséricorde du Seigneur et me rendre disponible pour l’annoncer à tous les hommes !
La célébration sera retransmise en direct par la WebTv.